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naient de bouquets ; avec son eau limpide et fraîche, l’étang servait de fontaine ; les roseaux, en s’inclinant, y disaient bonjour et bonne nuit ; la lune était comme une grande lampe suspendue au plafond bleu, et cette lampe ne risquait pas d’incendier les rideaux. Jean pouvait dormir tout à son aise, et c’est ce qu’il fit. Il ne se réveilla qu’après le lever du soleil, quand les petits oiseaux chantèrent autour de lui :

« Bonjour, bonjour ! Tu n’es donc pas encore levé ? »

Les cloches appelaient à l’église, c’était un dimanche ; le peuple s’y portait pour entendre le sermon. Jean suivit la foule, chanta un psaume, et entendit la parole de Dieu, comme s’il eût été dans la même église où tout petit on l’avait baptisé, où si souvent avec son père il avait célébré le Tout-Puissant.

Il y avait beaucoup de tombeaux dans le cimetière et sur plusieurs poussaient de grandes herbes. Jean pensa qu’il en était peut-être ainsi du tombeau de son père, privé des soins qu’il ne pouvait plus lui donner. Il s’assit sur la terre, arracha l’herbe, releva les croix tombées, et remit à leur place les couronnes que le vent avait enlevées des tombeaux. Il se disait :

« Peut-être en ce moment quelqu’un a le même soin du tombeau de mon père ; moi, je ne le puis. »