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murer, tant qu’il le vit découper ses petites figures risibles et joyeuses. Ce fut d’abord un homme pendu à une potence et tenant à la main un cœur volé ; puis une vieille sorcière qui trottait à cheval sur un balai et portait son mari sur son nez. Le conseiller ne pouvait supporter cette plaisanterie, et il répétait sans cesse sa première réflexion : « Comment peut-on mettre de telles choses dans la tête d’un enfant ? C’est une fantaisie stupide ! »

Mais tout ce que l’étudiant racontait à la petite Ida avait pour elle un charme extraordinaire, et elle y réfléchissait beaucoup. Les fleurs avaient les têtes penchées, parce qu’elles étaient fatiguées d’avoir dansé toute la nuit. Elles étaient sans doute malades. Alors elle les emporta près de ses autres joujoux, qui se trouvaient sur une jolie petite table dont le tiroir était rempli de belles choses. Elle trouva sa poupée Sophie couchée et endormie ; mais la petite lui dit : « Il faut te lever, Sophie, et te contenter pour cette nuit du tiroir. Les pauvres fleurs sont malades et ont besoin de prendre ta place. Ça les guérira peut-être. »

Et elle enleva la poupée. Celle-ci eut l’air tout contrarié, et ne dit pas un seul mot, tant elle était fâchée de ne pas pouvoir rester dans son lit !

Ida posa les fleurs dans le lit de Sophie, les couvrit bien avec la petite couverture et leur dit de