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les murailles qui m’entourent sont toutes blanches. On m’aperçoit, au moins ! Pourvu que je n’attrape pas le mal de mer ; cela me briserait. »

Elle n’eut pas le mal de mer et ne fut point brisée.

« Quelle chance d’avoir un ventre d’acier quand on voyage sur mer ! C’est par là que je vaux mieux qu’un homme. Qui peut se flatter d’avoir un ventre pareil ? voilà une bonne constitution ! Plus on est fin, moins on est exposé. »

Crac ! fit la coque. C’est une voiture de roulier qui passait sur elle.

« Ciel ! que je me sens oppressée ! dit l’aiguille ; je crois que j’ai le mal de mer : je suis toute brisée. » Elle ne l’était pourtant pas, quoique la voiture eût passé sur elle. Elle gisait comme auparavant, étendue tout de son long dans le ruisseau. Qu’elle y reste !

Vignette de Bertall
Vignette de Bertall