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son côté. Elle paraissait en colère, et lui dit d’un ton menaçant :

« Quoi ! déjà le premier soir ! Je m’en doutais ; si tu étais mon fils, je te mettrais dans le sac.

— Il y entrera ! dit la Mort, une grande vieille femme encore vigoureuse, tenant à la main une faux et agitant sur ses épaules deux longues ailes noires. Il sera mis dans un cercueil ; mais le moment n’est pas venu. Qu’il voyage encore dans le monde pour expier son péché et devenir meilleur. Puis, lorsqu’il s’y attendra le moins, je reviendrai le mettre dans une caisse noire que je placerai sur ma tête, pour le porter en volant jusqu’à l’étoile qui brille là-haut. Là aussi fleurit le jardin du Paradis, et, si cet homme devient bon et pieux, il y entrera ; mais si ses pensées sont mauvaises et son cœur corrompu, il tombera dans cette caisse plus bas que n’est tombé le Paradis, et je n’irai le chercher qu’au bout de mille ans pour l’enfoncer encore plus bas ou pour le faire remonter vers la petite étoile. »


Vignette de Bertall
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