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d’os. Vinrent ensuite les pyramides d’Égypte, touchant aux nues ; des colonnes et des sphinx renversés, à moitié enfouis dans le sable. Puis apparurent les aurores boréales des pays du pôle ; c’étaient des feux d’artifice sans pareils. Le prince était ravi au delà de toute expression ; il vit cent fois plus de merveilles que nous ne pouvons en énumérer ici.

« Pourrai-je toujours rester ici ? demanda-t-il.

— Cela dépend de toi, répondit la fée. Si tu ne te laisses pas séduire, comme Adam, par ce qui est défendu, tu pourras y demeurer éternellement.

— Je ne toucherai pas aux pommes de l’arbre de la science, dit le prince ; il y a ici mille autres fruits aussi beaux qu’elles.

— Éprouve-toi toi-même, reprit la fée, et, si tu ne te sens pas assez fort, repars avec le Vent d’Est qui t’a amené. Il va nous quitter pour cent années. Toutes ces années-là, si tu restes, ne te paraîtront pas plus longues que cent heures ; cela suffira bien pour la tentation et le péché. Chaque soir, en te laissant, je te crierai : « Suis-moi ! » Je te ferai signe de la main, et tu devras rester en arrière ; autrement tes désirs grandiraient à chaque pas. Tu visiteras la salle où se trouve l’arbre de la science ; je dors sous ses branches parfumées ; je t’appellerai, mais si tu t’approches, le