Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce même soir où s’ouvrait pour moi cette maison à laquelle se sont attachés tant de souvenirs chers et précieux, on attendait un homme remarquable, dont il était fort question à cette époque, l’abbé de Pradt. Gérard, qui le connaissait depuis longtemps, lui ménageait cette entrevue avec M. de Humboldt, qui ne l’avait jamais vu.

M. de Humboldt parlait bien et beaucoup ; l’abbé de Pradt parlait bien et toujours. Peut-être y avait-il un peu de curiosité malicieuse dans le plaisir que Gérard se promettait de leur rencontre.

Dans son salon il n’était pas d’usage d’annoncer ; il fallait donc attendre du hasard ou de la complaisance de quelqu’un les noms des personnes qui étaient réunies ; heureusement je retrouvai là deux ou trois de mes connaissances qui m’aidèrent à placer sur les visages les noms presque tous célèbres des personnes que renfermaient les salons de Gérard.

Vers la fin de la soirée, c’est-à-dire après minuit, l’abbé de Pradt arriva, et Gérard le mit en rapport avec M. de Humboldt. Tous deux avaient beaucoup à dire, car tous deux pensaient beau-