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Madame Lebrun peignit à Rome quelques beaux portraits ; mais il lui fallait refaire sa fortune, car elle n’avait rien apporté de France ; tout ce qu’elle avait eu de ses nombreux ouvrages avait été perdu pour elle, et alors elle se décida à quitter la ville et le peuple des souvenirs pour un grand pays qui, en fait d’art, en était encore à l’espérance, la Russie. Mais dans ce pays on accueillait tous les travaux de l’intelligence de manière à les faire germer vite sur le sol, et madame Lebrun fut reçue à Saint-Pétersbourg avec autant de grâce et d’empressement que de magnificence par l’impératrice Catherine II et par toute sa cour. Madame Lebrun habita successivement Saint-Pétersbourg et Moscou ; puis elle quitta la Russie, comblée d’honneurs et de richesses.

Lorsqu’elle arriva à Saint-Pétersbourg, on y parlait encore avec admiration de la grande munificence du prince Potemkin, dont on citait des traits dignes des Mille et une Nuits. Ayant le désir de plaire à la princesse Dolgorouki, elle se nommait Catherine comme l’impératrice, et, le jour de cette fête arrivé, le prince donna un grand dîner. Il avait placé la princesse à côté de lui. Au dessert,