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police. Une nuit, au bal de l’Opéra, où il reconnaissait toutes les femmes de la société qu’il fréquentait alors, comme il se promenait dans la salle, à la grande frayeur des dominos qui le fuyaient, il rencontra un homme qui lui était inconnu et qui courait de côté et d’autre, pâle, effaré, s’approchant de toutes les femmes en domino bleu, puis s’éloignant aussitôt d’un air désespéré. Le comte n’hésite pas à l’aborder, et lui dit avec intérêt qu’il serait heureux de l’obliger. L’inconnu lui apprend alors qu’il est arrivé le matin même d’Orléans avec sa femme, qu’elle l’a supplié de venir au bal de l’Opéra ; qu’il l’a perdue dans la foule, et qu’elle ne sait ni le nom de l’hôtel ni celui de la rue où ils sont descendus.

— Calmez-vous, dit M. d’Espinchal, votre femme est assise dans le foyer, à la seconde fenêtre. Je vais vous conduire près d’elle.

C’était la dame, en effet. Le mari, transporté, se confond en remercîments.

— Mais comment se fait-il, monsieur, que vous ayez deviné ?

— Rien n’est plus simple, répond le comte d’Espinchal ; madame est la seule femme du bal