Page:Ancelot - Les salons de Paris : foyers éteints.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doubler. Aussi les visites que je fis alors à madame Récamier me laissaient l’âme attristée pour longtemps… Le foyer était presque désert le dernier jour où je vins m’y asseoir ; le fauteuil de Chateaubriand était là… respecté… comme un autel à la Renommée ; celui du pauvre Ballanche comme un autel à l’amitié ; d’autres siéges qui eussent pu encore être occupés ne l’étaient pas ; car chacun, dans ces jours-là, restait inquiet et soucieux à son propre foyer : le choléra s’était déclaré de nouveau.

Un triste pressentiment m’attira vers l’Abbaye-aux-Bois ; je n’y trouvai qu’un seul fidèle, M. le duc de Noailles : il agitait la question de prudence qui conseillait l’éloignement de la maison, l’épidémie venait d’y faire des victimes.

Le lendemain, madame Récamier avait quitté l’Abbaye-aux-Bois pour aller chez sa nièce, madame le Normand, où elle mourut du choléra peu de jours après.

C’était en 1850.

Les derniers jours de cette vie si douce, qui n’avait vu que ce qu’il y a de plus gracieux au monde, les hommages et les louanges, furent