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m’émut bien plus que le charlatanisme qui l’entourait trop souvent, et notamment les jours où il faisait, dans une petite réunion choisie et à des heures particulières, quelque lecture de ses Mémoires à l’Abbaye-aux-Bois ; on ne peut imaginer tout l’art qui présidait alors au choix des auditeurs, à celui du morceau lu devant eux, aux insinuations adroites sur ce qui devait être répandu dans les salons ou propagé par les journaux ; s’il y avait eu une pareille habileté de mise en scène dans la tragédie, elle aurait été aux nues !

Il y avait dans Chateaubriand de véritables grandeurs, celle de l’intelligence d’abord, et aussi celle d’un noble cœur ; son âme était susceptible d’un véritable enthousiasme pour le beau en tout genre, d’un rare courage moral, d’un sincère dévouement à ceux qu’il aimait, et d’un vrai désintéressement. S’il montrait parfois de l’orgueil dans son génie, on ne voyait jamais que de la simplicité dans ses vertus.

Naturellement la peinture du salon de madame Récamier est remplie, comme l’était le salon lui-même, de la présence de Chateaubriand : il était de ceux qui tiennent grande place ! D’ailleurs, à