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qu’on était désigné à l’attention publique, il fallait arriver là.

Aussi toute la littérature y a-t-elle passé, mais une grande partie n’y revint pas ; les littérateurs sont curieux, ils veulent voir tout ce qui attire l’attention, mais ils ont des fiertés qui ne leur permettent pas d’humilier leurs prétentions dans un culte continuel devant un écrivain, quelle que soit sa supériorité, fût-ce même Chateaubriand… ; il trônait dans ce salon de façon que Beyle (Stendhal), après l’avoir vu chez madame Récamier, l’appelait plaisamment le grand Lama.

Chez madame Récamier, il fallait à toute force parler de gloire et de renommée ; le salon était un temple dont la maîtresse partageait les honneurs avec Chateaubriand. On y brûlait un encens continuel pour tous deux, encens nécessaire si l’on voulait être bien reçu, mais dont la vapeur semblait l’atmosphère naturelle : on ne vous savait pas gré d’y contribuer ; il y avait même des jours où Chateaubriand se montrait si dédaigneux et si dégoûté de toute chose, qu’on se sentait atteint d’un véritable découragement auprès de lui.

Cependant il arrivait parfois qu’après avoir été