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ment combiné pour arriver à un but toujours le même, qui était d’attirer autour d’elle tout ce qu’il y avait de remarquable dans la société. Mais cette pensée constante avait des milliers de moyens pour s’exprimer. L’étude n’en a pas été sans plaisir et sans utilité pour moi ; mais c’était pour elle une fatigue continuelle qui absorbait tout ce qui lui restait de force et de vigueur.

Madame Récamier avait eu, par l’éclatante beauté qu’elle possédait à l’époque du Directoire, cette grande et irrésistible puissance de la femme qui attire à elle, sans le savoir et sans le vouloir, tous les cœurs aimants et tous les esprits qui sympathisent avec le beau. Ce n’est pas seulement comme à une femme que les hommes viennent à celle qui est jolie, c’est aussi comme à un objet d’admiration : on entoure bien, au musée, le tableau supérieur, on court bien à la musique harmonieuse, on cherche bien l’œuvre du grand sculpteur, du grand architecte ! Toute beauté a ses droits, et celle de la femme est plus sympathique au cœur que toute autre.

Mais les années étaient venues emporter une à une les beautés de la jeunesse, et madame Réca-