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On a tant menti de nos jours, que ceux qui diront la vérité sur notre époque courent grand risque de passer pour menteurs. Quant à moi, quelles qu’aient été mes relations, bonnes ou mauvaises avec ceux dont je parle, je m’impose le devoir de les juger impartialement. Le sentiment de la justice est la probité de l’esprit.

Je crois donc que celui qui, dans ses paroles ou ses écrits, refuse une part de l’éloge dû à quelqu’un est plus coupable que le voleur prenant une part de son argent. Mais l’éloge de ce qui est blâmable me paraît aussi injuste que les critiques sur ce qui est bien ; les deux choses sont également nuisibles, et ceux qui les font également méprisables. L’Alceste de Molière a parfaitement raison sur ce point-là. Est-ce qu’il est permis de se servir de fausse monnaie ?

J’ai longtemps étudié l’habileté avec laquelle madame Récamier amenait les autres à subir sa volonté. C’était une étude curieuse que celle de cette vanité qui ne s’oubliait pas un moment, mais qui ne se livrait jamais et qui employait les formes les plus gracieuses et les plus séduisantes pour tirer parti de la vanité de ceux qui l’approchaient.