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bien des tristesses ; nous ne soulèverons pas le voile qui les recouvrait. Elle ne s’attrista et ne se sépara que trop vite, cette foule joyeuse ! La mort de Nodier, en 1844, mit fin aux réunions de l’Arsenal. Mais déjà la joie s’était dissipée avant que la société se dispersât. Déjà le départ de la jeune fille, qui avait été en province remplir ses devoirs de jeune femme, avait attristé la maison, et, malgré les efforts de Nodier pour y retenir la jeunesse et la joie, un peu de solitude, d’abandon même, se faisait autour de lui. La fin de la vie s’assombrit toujours ainsi ; qui donc a le bonheur de voir encore à ses côtés, vers la fin du voyage, tous ceux qui partirent avec lui ? Combien n’en laisse-t-on pas sur la route, et des meilleurs ? du moins de ceux qui vous aimèrent le mieux, qui vous aimèrent comme on aime dans la jeunesse, sans le vouloir, sans le savoir ? Plus tard, il n’en est pas ainsi ! Les jeunes gens ont d’ailleurs l’activité de leur âge qui les jette dans le mouvement des affaires et des plaisirs ; tandis que les vieillards ont forcément des goûts paisibles ; le calme leur va bien, il se fait naturellement alors au dedans comme au dehors d’eux-mêmes une sorte d’apai-