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CHAPITRE III


Communantës de village : du mode de partage et d’allotissement. — Grandes communautés et libre jouissance des terres vacantes. — Le mir actuel et les partages périodiques. — Partage par âmes et par tiaglos. — Époques de répartition. Inconvénients des partages fréquents. — L’allotissement ; Une partie des défauts, reprochés au mir, retombe sur les grands villages agglomérés. — Conséquences du parcellement excessif.


Aux époques où la population était plus clairsemée, les communautés russes, d’ordinaire aujourd’hui restreintes à de simples villages, ont parfois pu s’étendre à des divisions territoriales beaucoup plus importantes. On en rencontre des exemples contemporains aux deux extrémités de la Russie, au nord, dans le gouvernement d’Olonets, sur les frontières de la Finlande, au sud, chez les Cosaques de l’Oural, Cosaques grands-russiens d’origine, pour la plupart vieux-croyants de religion, et aussi attachés aux anciens usages qu’aux anciens rites. Là, aux bords du fleuve Oural, a subsisté jusqu’à nos jours une vaste commune, embrassant toute une grande région géographique ; là une armée entière, seule propriétaire du sol qu’elle occupait, ne formait qu’une communauté indivise. On retrouvait presque intact, au dix-neuvième siècle, le mode de propriété et le mode de jouissance de la tribu ou du clan des âges préhistoriques[1].

Des steppes immenses, peu fertiles et presque désertes,

  1. Haxthausen, Studien, t. III, p. 153-162, donne une description du régime de ces Cosaques, avant les récentes réformes et avant les envahissements de la propriété individuelle, constituée peu à peu au profit des officiers, grâce à l’introduction d’une hiérarchie militaire, étrangère par l’origine et par les mœurs aux traditions cosaques locales.