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nés à la Nation, puisque le clergé, premier état du Royaume, ayant cessé d’exister, le clergé de la République ne le continuait pas, ne le représentait pas, ne lui succédait pas, et n’étant lui-même ni un État, ni un ordre, ni un corps, n’avait point la capacité d’hériter et de posséder.

La Constituante avait supprimé les ordres monastiques ; le Concordat maintient la suppression de ces ordres, dont il ne fait pas même mention. La Constituante avait supprimé les offices ecclésiastiques, les prébendes, les prieurés et les canonicats ; le Concordat maintient cette suppression, hors un chapitre honoraire par cathédrale qu’il accorde aux évêques. La Constituante avait retiré aux curés les registres des naissances, des mariages et des décès ; le Concordat ne rend pas aux paroisses le contrôle de la vie civile. Enfin, si le Concordat restaure la dignité archiépiscopale, abolie avec les privilèges de l’ancien régime, les noms de « Monsieur » et de « Citoyen » que recevront désormais les évêques et les archevêques, l’habit noir à la française qu’ils porteront avec la croix pectorale sentent l’Église constitutionnelle de 1790.

Grand sujet d’étonnement que cette Constitution civile, cause, dit-on, de tous les maux qui désolèrent pendant dix ans l’Église et la République, source inépuisable de désordres et de violences, mortelle à la Religion, odieuse aux Français, à la Patrie, en horreur au Saint-Siège, soit devenue une œuvre d’harmonie et de paix, approuvée des bons citoyens,