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lutionnaires, l’appui des royalistes qui bâtonnaient les jacobins et la bienveillance des belles thermidoriennes. En vendémiaire an V, trente-deux mille communes avaient rétabli le culte et rouvert leurs églises, desservies pour la plupart par des prêtres réfractaires.

Précisément à cette époque (fin 1796 ou commencement 1797), le jeune général Bonaparte écrivait au général Clarke :

« On est redevenu catholique romain en France. Nous en sommes peut-être au point d’avoir besoin du Pape lui-même pour faire seconder chez nous la Révolution par les prêtres et, par conséquent, par les campagnes qu’ils sont parvenus à gouverner de nouveau. »

On voit ici jaillir l’idée du pacte qu’il devait conclure cinq ans plus tard ; on surprend et la justesse des raisons et la duplicité des moyens. Le jeune général s’aperçoit du danger. Une Église romaine s’élève qui menace la Révolution, la République, et qui préparera peut-être le retour des Bourbons. Il faut, pour conjurer le péril, former un nouveau clergé gallican, reprendre sur un nouveau plan l’œuvre ruinée des constituants. Et puisqu’on ne peut, sans le Pape, faire une Église constitutionnelle, il en faut faire une avec le Pape. On a chance d’y réussir. Il ne s’agit que de tromper « le vieux renard ». Première pensée du Concordat.

Dans l’esprit de Bonaparte, le Concordat c’était la restauration de l’Église gallicane. On ne garde