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CHAPITRE II


Aperçu des rapports de l’État français avec l’Église sous la troisième République, depuis sa fondation jusqu’en 1897.

Quand la République s’établit pour la troisième fois en France, il n’y avait plus d’Église gallicane ; le souvenir même en était effacé. L’Église des Gaules n’était qu’une province de l’Église romaine. Et les conventions de 1801 en faisaient une église d’État. Les évêques auxquels le Concordat donnait le rang et les pouvoirs de hauts fonctionnaires n’obéissaient qu’à Rome. Les religieux ne reconnaissaient pas d’autre autorité que celle du Pape. Cette Église étrangère possédait d’immenses richesses, de vastes territoires, des fondations en grand nombre. Elle dominait dans les plus importantes administrations de l’État : aux Cultes, comme religion de la majorité des Français ; à l’Instruction publique, où elle avait conquis sur l’Université affaiblie les trois degrés de l’enseignement ; dans les établissements hospitaliers, desservis par ses religieuses ; à l’armée, qu’elle fournissait d’officiers formés dans ses écoles. Ses forces dans l’opinion étaient peut-être moins solides et moins étendues. Le paysan, qui ne l’aima jamais et