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Instruite par mes propres sentiments de l’impression agréable que les femmes doivent faire naître dans le cœur des hommes, je joignis à mes charmes tous les petits agréments dont l’envie de plaire a inventé l’usage ; se pincer les lèvres avec grâce, sourire mystérieusement, jeter des regards curieux, modestes, amoureux, indifférents ; affecter de ranger, de déranger son fichu pour faire fixer les yeux sur sa gorge, en précipiter adroitement les mouvements, se baisser, se relever. Je possédais ces petits talents dans le dernier degré de la coquetterie ; je m’y exerçais continuellement ; mais ici c’était les posséder en pure perte. Mon cœur soupirait après la présence de quelqu’un qui connût le prix de mon savoir, et qui me fit connaître l’effet qu’il aurait produit sur lui.

Je ne devais pas attendre longtemps. Un jeune militaire, admis à visiter sa sœur, ayant eu l’occasion de parcourir le couvent, me vit, grâce à la négligence que j’avais eue de laisser ma porte entr’ouverte, étendue sur mon lit et dormant d’un profond sommeil.

Je ne sais ce qui se passa, mais lorsque je m’éveillai je me trouvais dans les bras du lieutenant, et n’avais plus rien à apprendre en fait de délices amoureuses.