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quérais de nouvelles connaissances que pour tomber dans de nouveaux embarras.

Quelquefois je m’enfermais dans ma chambre, je m’y livrais à mes réflexions ; elles me tenaient des compagnies où je me plaisais le plus. Qu’y voyais-je dans ces compagnies ? des femmes ; et quand j’étais seule, je ne pensais qu’aux hommes. Je sondais mon cœur, je lui demandais la raison de ce qu’il sentait ; je me déshabillais toute nue, je m’examinais avec un sentiment de volupté, je portais des regards enflammés sur toutes les parties de mon corps ; je brûlais, j’u…, je soupirais ; mon imagination échauffée me présentait un homme, j’étendais les bras pour l’embrasser, mon c.. était dévoré par une démangeaison, par un feu prodigieux, sans oser les apaiser, dans la crainte de me faire du mal. Quelquefois j’étais près d’y succomber ; mais effrayée de mon dessein, je m’arrêtais. Enfin je me livrai à la passion, je m’étourdis sur la douleur pour n’être sensible qu’au plaisir ; il fut si grand que je crus que j’allais expirer. Cela me fit comprendre ce que l’homme fait avec la femme. Parvenue à ce degré de lumière, je me sentis agitée du désir le plus violent d’avoir dans un homme l’original dont la copie m’avait fait tant de plaisir.