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qu’il eut la certitude que l’innocente Virginia serait vengée.

Le lendemain le cardinal lui remit un bref du pape qui ordonnait que la signora Menzonni, dégradée de son rang d’abbesse, serait conduite, escortée par des gardes, dans le plus triste couvent des États de l’Église, que là elle serait condamnée toute sa vie aux simples fonctions de sœur converse ainsi que les quatre religieuses anciennes complices de l’abbesse.

Eugenio, muni de ce bref, quitta Rome à l’instant même ; l’impatience de punir les bourreaux de Virginia fut la première sensation qu’il éprouva. Voulant écraser d’abord l’abbesse sous le poids de la terreur, il lui fit dire qu’il l’attendait pour lui signifier un ordre du pape. Cette indigne femme se rappelant Virginia frémit, et lorsqu’elle parut à la grille elle pouvait à peine se soutenir.

Eugenio, détournant d’elle ses regards avec horreur, lui présenta le bref : — Monstre ! lui dit-il d’une voix terrible, lisez votre condamnation et obéissez !

L’abbesse parcourut le papier, jeta un cri et resta immobile ; puis, se jetant à genoux, elle implora en sanglottant la compassion d’Eugenio.