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çut enfin, avec une douleur inexprimable, que la porte était fermée.

Mille idées sinistres se présentent en foule à son esprit ; il fait mille tentatives pour pénétrer dans le jardin de l’abbaye ; mais tout est inutile. Il se livre alors au plus cruel désespoir. La nuit entière se passe, déjà l’aurore va paraître, et Eugenio ne peut s’arracher des lieux qu’il avait cru ne devoir quitter qu’avec son amante. Enfin il se retire en suivant des sentiers qui le conduisent il ne sait où. Ses rêveries ayant duré toute la journée, il alla dans quelqu’auberge voisine pour prendre un peu de nourriture nécessaire à sa subsistance, et la nuit suivante il se rendit de nouveau aux murs de l’abbaye. Qu’on juge de ses peines, de ses chagrins, lorsqu’il trouva encore la porte fermée et qu’il ne put parler au vieux Francisco. Il passa la nuit sous ces murs et s’assoupit sur le gazon. À la pointe du jour, le bruit des cloches le réveilla ; leur sonnerie lente, le silence qui succédait tout-à-coup, puis un tintement funèbre se prolongeant plusieurs minutes, le glacèrent d’horreur. « Ciel ! s’écria-t-il, c’est ainsi qu’on sonne pour les morts ! » Puis, penchant la tête et poussant un profond soupir, il ajouta :