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La malheureuse Virginia s’y résigna et le jour fut fixé pour le départ.

Ce jour fatal arriva : il était sombre et pluvieux ; une teinte grisâtre répandue sur la campagne rendait les objets aussi tristes que le cœur de la tendre et sensible Virginia. La marquise et sa fille montèrent dans une voiture, qui partit prompte comme l’éclair pour la partie occidentale du duché d’Urbin, où était située l’abbaye de San Cypriano. Laissons aux lecteurs le soin de s’imaginer les horreurs où était plongée l’âme aimante de l’intéressante Virginia, qui allait être enfermée pour toujours et dérober ainsi à Eugenio les charmes qui eussent fait son bonheur.

Plusieurs heures après leur départ d’Urbino, la voiture arriva à destination. Le cocher s’arrêta devant une grille qui découvrit aux regards de Virginia toute la façade de l’abbaye de San Cypriano. Il sonna ; la grille s’ouvrit, et après avoir franchi la cour spacieuse et plantée d’arbres qui précédait l’entrée du monastère, la marquise et Virginia descendirent vis-à-vis la porte de clôture.

Deux tourières s’empressèrent de les conduire dans le superbe parloir de l’abbesse, qui bientôt