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geance de l’Inquisition ; mais l’effervescence était telle que ce nom terrible ne produisait plus aucun effet. Lorenzo, malgré l’horreur que lui donnait pour l’abbesse le souvenir de sa sœur, ne pouvait sans pitié voir une femme dans une position si terrible. Mais en dépit de ses efforts et de ceux du duc, malgré ceux de don Ramirez et de ses archers, le peuple continuait à les serrer de près ; enfin il se fit jour au travers des gardes qui protégeaient sa proie, l’arracha de cet asile et se disposa à en faire une justice aussi prompte que terrible. Tremblante, égarée, sachant à peine ce qu’elle disait, la malheureuse femme demandait un moment de répit. Mais le peuple, tout entier à sa vengeance, ne l’écouta point. On lui fit toutes sortes d’insultes, on la couvrit de boue et d’ordure, on lui prodigua les noms les plus odieux ; des hommes furieux se l’arrachaient les uns aux autres, et le dernier était toujours plus barbare que celui qui venait de la quitter ; ils étouffaient par leurs cris de rage la faible voix dont les accents plaintifs imploraient leur pitié. Traînée au travers des rues, foulée aux pieds, accablée de coups, elle subit tous les tourments que peuvent inventer la fureur et la vengeance. Enfin un pavé lancé par une main vi-