profonde humilité ; mais quand elle eut d’un coup
d’œil vu ce qu’il contenait, sa colère parut à travers
les efforts de son hypocrisie. Son visage devint
pourpre, et les regards qu’elle lança à Lorenzo
exprimaient la fureur et la menace.
— Cet ordre est positif, dit-elle en s’efforçant de paraître calme, et je voudrais qu’il fut en mon pouvoir de m’y conformer.
Lorenzo poussa un cri de surprise.
— Je vous le répète, monsieur, je m’empresserais d’obéir à cet ordre ; mais malheureusement cela n’est plus en mon pouvoir. J’ai voulu, par égard pour vos sentiments fraternels, vous annoncer par degrés un malheureux événement, vous préparer à en recevoir courageusement la nouvelle. Cet ordre exprès rompt toutes mes mesures. Vous demandez Agnès, votre sœur ; je suis obligée de vous annoncer sans retour qu’elle est morte samedi dernier.
Lorenzo pâlit.
— Vous me trompez, dit-il après un moment de réflexion. Il n’y a pas encore cinq minutes que vous me disiez qu’elle était malade mais toujours vivante. Produisez-moi ma sœur à l’instant même ; je dois, je veux la voir.