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ments. Que vous dirai-je enfin ? Dans un moment de délire nous ne reconnûmes le danger auquel nous exposait notre mutuelle tendresse qu’en nous apercevant que l’amour nous avait égarés l’un et l’autre, que les vœux d’Agnès étaient déjà enfreints et qu’elle était déjà mon épouse.

Ici Lorenzo donna des marques visibles de mécontentement. Le marquis l’apaisa, en le nommant son ami, son frère, et continua :

Après les premiers instants de délire passés, cet accident fit frémir Agnès. L’amour cédant tout-à-coup aux regrets et à la crainte, elle me fit des reproches amers. Frappée de terreur, elle s’échappa de mes bras et s’enfuit dans sa cellule. Depuis ce moment je n’ai pu la revoir qu’une seule fois, et c’était en plein jour, comme elle se promenait appuyée sur le bras d’une de ses compagnes, qui paraissait être son amie, et avec laquelle je l’avais déjà vue plusieurs fois. Elle jeta sur moi un triste regard et détourna la tête.

Dès le soir de ce jour même, le jardinier me notifia qu’il ne pouvait plus me servir. — La jeune sœur, dit-il, m’a déclaré que si je continuais à vous admettre dans le jardin, elle-même découvrirait tout à madame l’abbesse. Elle m’a dit en-