Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 106 —


gonde. Ayant entendu Agnès sortir de sa chambre, elle l’avait suivie dans le jardin et l’avait vue entrer dans le pavillon, où elle n’avait rien perdu de notre conversation.

— Fort bien, s’écria-t-elle d’une voix presqu’étouffée par la colère ; admirable, mademoiselle ! Par sainte Barbe, vous avez d’excellentes intentions ! Vous voulez contrefaire la nonne sanglante ! Quelle impiété ! quelle incrédulité ! Je suis en vérité tentée de vous laisser poursuivre votre projet pour voir comment la vraie nonne vous arrangera si elle vous rencontre. Et vous, don Alphonso, n’êtes-vous pas honteux de séduire une jeune fille sans expérience, de l’exciter à quitter ses amis ? Pour cette fois du moins je renverserai vos projets ambitieux ; la bonne dame sera informée de toute cette affaire, et mademoiselle Agnès sera obligée d’attendre pour jouer la religieuse une meilleure occasion. Adieu, monsieur. Allons, très-chère sœur, dona Agnès, voulez-vous me permettre de vous reconduire à l’instant à votre cellule ?

En disant ces mots, elle prit Agnès par la main et se prépara à l’emmener avec elle hors du pavillon.

Je la retins ; j’employai, pour la gagner, sollici-