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il, avec sa gouvernante ; elle va régulièrement tous les vendredis au couvent de Sainte-Catherine, où elle a été élevée, et qui n’est qu’à un quart de lieue d’ici.

Vous imaginez assez aisément avec quelle impatience j’attendis le vendredi suivant. Je vis de nouveau ma chère Agnès ; elle-même m’aperçut comme elle passait devant la porte de l’auberge. La rougeur qui couvrit tout-à-coup ses joues m’annonça qu’elle m’avait reconnu à travers mon déguisement. Je la saluai profondément ; elle ne répondit que par un léger mouvement de tête, comme on rend le salut à un inférieur, et regarda de l’autre côté jusqu’à ce que la voiture fût passée.

Cette soirée si longtemps attendue, si longtemps désirée, arriva. Elle était calme et la lune brillait de tout son éclat. Aussitôt qu’il fut onze heures, je partis pour le rendez-vous. Théodore s’était pourvu d’une mule. J’escaladai sans difficulté les murs du jardin ; le page me suivit et tira l’échelle après lui. Je gagnai alors le pavillon de l’Ouest, et là j’attendis impatiemment l’arrivée d’Agnès. À chaque léger souffle dont le vent agitait les arbres, à chaque feuille qu’il faisait tomber, je croyais entendre son pas et me levais pour aller

  AMOURS. TOME 3.
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