Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 100 —


qu’il vous plaira. Excusez cette digression, je reviens à mon sujet.

Fort empressé de suivre exactement les instructions d’Agnès, je fis route jusqu’à Munich. Là, je laissai ma chaise sous la garde de Lucas, mon domestique français, et revins à cheval jusqu’à un petit village éloigné de deux lieues tout au plus du château de Lenderberg. Après avoir retenu dans une auberge l’appartement le plus isolé, je fis à l’aubergiste une histoire imaginaire, afin qu’il ne s’étonnât point de notre long séjour dans sa maison. Le bonhomme était heureusement crédule et pas curieux ; il crut tout ce que je lui dis et ne chercha point à en savoir plus. Théodore seul était avec moi ; nous étions tous deux déguisés et sortant rarement l’un et l’autre de notre appartement, nous n’excitâmes aucun soupçon ; la quinzaine se passa de cette manière. Cependant, j’eus dans cette quinzaine l’occasion de me convaincre par moi-même qu’Agnès était rendue à la liberté ; je la vis passer dans le village accompagnée de la vieille Cunégonde.

— Quelles sont ces dames ? dis-je à mon hôte, comme la voiture passait.

— La nièce du baron de Lenderberg, répondit-