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serait partie, je pouvais regarder sa maison comme la mienne.

— Adieu, don Alphonso, me dit la baronne en me tendant la main.

Je pris cette main, je la portai à mes lèvres ; elle ne le permit pas. Voyant son mari à l’autre bout de l’appartement :

— Prenez soin de vous-même, continua-t-elle ; mon amour s’est changé en haine, et ma vanité blessée ne restera pas oisive. Allez où vous voudrez, ma vengeance vous suivra. Adieu.

Ces mots furent accompagnés d’un regard foudroyant. Je ne répondis point ; je me hâtai de quitter le château.

En sortant de la cour, dans ma chaise de poste, je regardai aux fenêtres de votre sœur ; elle n’y était pas. Je m’enfonçai désespéré dans la voiture.

J’avais alors pour toute suite un domestique français, que j’avais pris à Strasbourg à la place de Stephano, et le petit page dont je vous ai parlé. La fidélité, l’intelligence et la bonne humeur de Théodore me l’avaient déjà rendu cher ; mais en ce moment il me rendait, à mon insu, un service bien plus propre à me le faire aimer davantage. À peine avions-nous fait une demi-lieue, au sor-