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chant) ; mais on veut ici lui faire politesse et ne pas la laisser sortir d’une manière peu conforme à la dignité de sa seigneurie.

— Et où va-t-elle après qu’elle est sortie du château ?

— Au ciel, à ce que je pense ; cependant il ne paraît pas que ce séjour soit fort de son goût, car elle en revient régulièrement après une heure d’absence. La dame rentre alors dans sa chambre, où elle reste de nouveau tranquille pendant l’espace de cinq autres années.

— Et vous croyez à tout cela, Agnès ?

— Pouvez-vous me faire une pareille question ? Non, Alphonso, je n’y crois pas. J’ai trop lieu de déplorer pour mon propre compte les effets de la superstition pour pouvoir en être entichée moi-même. Cependant je ne dois pas laisser voir à la baronne mon incrédulité ; elle n’a pas le plus léger doute sur la réalité de cette histoire. Quant à la dame Cunégonde, ma gouvernante, elle affirme avoir vu le spectre de ses deux yeux, il y a quinze ans. Elle m’a raconté un de ces soirs comment elle et plusieurs autres domestiques avaient été interrompus dans un souper et épouvantés par l’apparition de la nonne sanglante. C’est le nom qu’on