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les chaises et les tables. Peut-être était-elle somnambule ; mais c’est ce que je ne saurais positivement assurer. Cet amusement commença, dit la tradition, il y a environ cent ans ; il était toujours accompagné de cris, de hurlements, de gémissements, de jurements et d’autres semblables gentillesses. Mais quoiqu’un des appartements fût plus particulièrement honoré de ses visites, les autres n’en étaient pas totalement privés. Elle venait de temps en temps se promener dans les antiques galeries et dans les salles spacieuses du château ; d’autres fois elle s’arrêtait devant toutes les portes, et là, pleurait, se lamentait et remplissait de terreur ceux qui l’entendaient. Dans ses excursions nocturnes elle a été vue par plusieurs personnes qui décrivent toutes son costume tel que vous le voyez ici représenté par la main de sa très-humble et très-fidèle historiographe.

La singularité de ce récit excitait singulièrement mon attention.

— Et dites moi, parle-t-elle à ceux qui la rencontrent ?

— Non, jamais. Ce que l’on connaît de son caractère et de ses talents nocturnes n’invite point du tout à lier conversation avec elle. Quelquefois