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croit fermement dans toute l’étendue des domaines du baron. Celui-ci y croit lui-même, et quant à ma tante, dont l’esprit est naturellement porté au merveilleux, elle révoquerait plutôt en doute les vérités de la Bible que l’admirable histoire de la nonne sanglante. Voulez-vous que je vous la raconte ?

— Oui, répondis-je, vous m’obligerez beaucoup.

Alors, plaçant devant elle son dessin :


Histoire de la Nonne sanglante.


Vous saurez, dit-elle d’un ton comiquement grave, qu’il n’est pas une des chroniques des siècles passés qui fasse mention de ce remarquable personnage. Chose étonnante ! je voudrais bien vous raconter sa vie, mais malheureusement elle n’a été connue qu’après sa mort. Ce n’est qu’alors qu’elle a jugé à propos de faire du bruit dans le monde, et c’est le château de Lenderberg qu’elle a choisi pour le théâtre de ses exploits ; ce qui fait du moins honneur à son bon goût. Elle s’y établit donc dans un des plus beaux appartements, et le commencement de ses opérations ou de ses amusements fut de faire danser dans le milieu de la nuit