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la cause de ce désordre. Cet objet était une femme d’une haute stature et d’une taille assez svelte, sous l’habit de quelqu’un de nos ordres religieux. Son visage était voilé ; à son bras était pendu un chapelet ; son vêtement était en plusieurs endroits parsemé de gouttes de sang qui coulaient d’une large blessure qu’on voyait à son côté. D’une main elle tenait une lampe, et de l’autre un énorme couteau ; elle semblait s’avancer vers les grilles de fer de la salle.

— Que signifie ceci, ma chère Agnès ? lui dis-je ; est-ce quelque sujet de votre invention ?

Elle jeta les yeux sur le dessin. — De mon invention ? non vraiment, dit-elle. Ce sujet est sorti de quelque tête beaucoup meilleure que la mienne. Comment ! il est possible que vous ayez résidé trois mois au château de Lenderberg sans entendre parler de la nonne sanglante ?

— Voilà la première fois que j’entends prononcer ces mots ; et quelle est, je vous prie, cette aimable personne ?

— C’est ce que je ne puis vous dire bien précisément. Tout ce que j’en connais n’est que le résultat d’une vieille tradition qui s’est perpétuée dans cette famille de père en fils, et à laquelle on