Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 78 —


vous ai donné mon cœur ; n’abusez point de ma tendresse ; n’employez pas votre ascendant sur mes sentiments pour m’entraîner à une démarche dont j’aurais à rougir. Je suis jeune et sans appui ; mon frère, qui est mon seul ami, est séparé de moi, et mes autres parents me traitent en ennemis. Que ma situation vous inspire de la pitié ; ne cherchez pas à me séduire ; au lieu de me pousser à une action qui me couvrirait de honte, tâchez plutôt de vous concilier l’affection de ceux dont je dépens. Le baron vous estime ; ma tante, impérieuse et hautaine envers tout autre, n’oublie point qu’elle vous doit la vie, et pour vous seul elle est affable et bonne. Essayez donc votre pouvoir sur leur esprit ; s’ils consentent à notre union, ma main est à vous. Ami de mon frère, vous obtiendrez, je n’en doute point, son approbation ; et quand mes parents verront l’impossibilité d’exécuter leur projet, j’ose espérer qu’ils excuseront ma désobéissance, et qu’ils sauront, par quelqu’autre sacrifice, dégager ma mère du vœu fatal dont on attend l’accomplissement.

Autorisé par l’aveu d’Agnès et par cette déclaration naïve de ses pensées et de ses vues, je redoublais d’attention envers ses parents et crus de-