Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/397

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 77 —


pas dit un mot du vœu de dona Guesilla ; on ne laissa jamais à votre sœur, durant son séjour en Allemagne, la faculté de vous adresser une lettre. Toutes celles que vous lui écriviez étaient lues avant de lui être remises ; on en effaçait sans ménagement tout ce qui pouvait lui inspirer des idées mondaines. Toutes ses réponses étaient dictées ou par sa tante, ou par la dame Cunégonde, sa gouvernante. J’ai appris une de ces particularités d’Agnès, l’autre de la baronne.

Je me déterminai sur-le-champ à sauver, s’il était possible, cette aimable fille du sort affreux dont elle était menacée. Je cherchai à me concilier son affection. Je fis valoir auprès d’elle l’amitié intime qui m’unit à vous. Elle m’écoutait si attentivement ; elle prenait tant de plaisir à faire votre éloge ! Ses yeux me remerciaient avec une affection si tendre de mon amitié pour son frère. Enfin mon attention constante à la consoler, à lui plaire, parvint à gagner son cœur, et je la contraignis, non sans difficulté, à avouer naïvement qu’elle m’aimait. Cependant, lorsque je lui proposai de quitter le château de Lenderberg, elle refusa formellement de souscrire à ma proposition.

— Soyez généreux, Alphonso, me dit-elle, je