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nature des crimes auxquels il ne participait que trop souvent. Je ne découvris qu’après la mort de mon séducteur que ses mains avaient été rougies du sang de l’innocent.

Une nuit il fut reporté à la caverne couvert de blessures ; il les avait reçues en attaquant un voyageur anglais, que les autres avaient bientôt après sacrifié à leur vengeance. Il n’eut que le temps de me demander pardon pour tous les malheurs où il m’avait entraînée ; il pressa mes mains sur ses lèvres et il expira. Mon chagrin fut inexprimable. Lorsque le temps m’eut un peu calmée, je résolus de retourner à Strasbourg, de me jeter avec mes deux enfants aux pieds de mon père et d’implorer son pardon, quoiqu’il me restât bien peu d’espoir de l’obtenir. Quelle fut ma consternation quand les brigands me dirent qu’une fois entrée dans la caverne il me m’était plus permis de la quitter, que jamais ils ne me laisseraient rentrer dans le monde avec le secret de leur retraite, et qu’il fallait à l’instant même accepter un d’entre eux pour mari. Mes prières et mes remontrances furent vaines. Ils tirèrent ma main au sort et je devins le partage de l’infâme Baptiste. Un d’entre eux, qui jadis avait été moine, nous maria par je ne sais