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vage produirait sur la baronne. Je tremblais que les grains de cette poudre flottante ne fussent du poison, et j’étais au désespoir qu’il m’eût été impossible de l’avertir du danger. Mais à peine s’était-il écoulé quelques minutes que je vis ses yeux s’appesantir, sa tête se renversa sur ses épaules, et elle tomba dans un profond sommeil. Je feignis de n’y pas faire attention, et je continuai de parler à Baptiste avec autant d’aisance que je pus prendre sur moi d’en montrer. Mais bientôt il ne me répondit plus du même ton qu’auparavant ; il me regardait avec surprise et défiance, et je voyais ces bandits chuchoter entre eux. Ma situation devenait à chaque instant plus pénible ; je soutenais mon rôle de confiance et de tranquillité encore plus qu’auparavant. À quoi pouvais-je me déterminer ? Chercher à sortir pour avertir les domestiques ? Si je l’eusse tenté, j’étais sûr d’être assassiné à la porte par les deux brigands. D’ailleurs, je laissais une femme à leur merci. Ayant tout à la fois à craindre de voir arriver leurs complices et de leur laisser croire que je connaissais leur dessein, je ne savais comment dissiper les soupçons qu’ils avaient sur moi. Dans ce terrible embarras, Marguerite vint encore à mon secours. Elle