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la maîtresse des autres : mais comme il n’y avait point de remède, un des domestiques demanda au bûcheron s’il pouvait les loger pour une nuit.

Le bûcheron montra beaucoup d’embarras et répondit que non, ajoutant qu’un Espagnol et son domestique étaient déjà en possession des deux chétives chambres qu’il pouvait donner. Sur cette réponse, la galanterie, naturelle à ma nation, ne me permit pas de garder pour moi un logement dont une femme avait besoin, et je me hâtai de dire à Baptiste que je cédais tous mes droits à cette dame ; il fit quelques objections que je n’écoutai pas, et courus à la voiture ; j’ouvris la portière et j’aidai la dame à descendre. Je la reconnus aussitôt pour la même personne que j’avais vue à Lunéville. Je saisis un moment pour demander son nom à ses domestiques ; ils me répondirent que c’était la baronne de Lenderberg.

Il me fut aisé de remarquer beaucoup de différence entre l’accueil fait par notre hôte aux nouveaux venus et celui qu’il m’avait fait à moi-même. Sa répugnance à les recevoir était visible et il eut bien de la peine à dire à la baronne qu’elle était la bienvenue. Je la conduisis près du feu et lui donnai le fauteuil que j’avais occupé.