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— Probablement, vous avez déjà entendu votre sœur parler d’Alphonse d’Alvarado.

— Jamais ma sœur ne m’en a parlé. Quoique j’aie pour Agnès toute la tendresse d’un frère, les circonstances nous ont tenus jusqu’ici presque toujours séparés l’un de l’autre. Dans son enfance, elle fut confiée aux soins de sa tante, qui avait épousé un gentilhomme allemand. Il n’y a que deux ans qu’elle a quitté le château de ce seigneur, et qu’elle est revenue en Espagne, bien déterminée à renoncer au monde pour jamais.

— Bon Dieu, Lorenzo, vous connaissiez son intention, et vous n’avez pas fait tous vos efforts pour l’en détourner.

— Marquis, ce reproche est injuste. La résolution de ma sœur, dont je reçus la nouvelle à Naples, m’affligea extrêmement, et je hâtai mon retour à Madrid uniquement pour prévenir ce triste sacrifice. À peine arrivé, je courus au couvent de Sainte-Claire, où Agnès avait désiré d’achever son noviciat. Je demande à voir ma sœur. Figurez-vous ma surprise en recevant de sa part un refus positif ; elle me fit dire qu’appréhendant mon influence sur son esprit, elle ne voulait point se risquer à m’entendre avant la veille même du jour