tombé dans ses mains. — C’est à vous, ajouta-t-il,
à décider quelle peine mérite la coupable.
À mesure que l’abbesse lisait la lettre, la colère se peignit sur son visage. Un crime de cette nature, commis dans son couvent et découvert par Ambrosio lui-même, par l’homme le plus respecté de tout Madrid ! Quelle idée allait-il se former de la régularité de sa maison ! Des paroles auraient mal exprimé la fureur de l’abbesse ; elle gardait le silence et se contentait de jeter sur la malheureuse Agnès des regards menaçants.
— Qu’on l’emmène au couvent, dit-elle à quelques-unes de ses religieuses.
Deux des plus anciennes s’approchèrent d’Agnès, la relevèrent de vive force, et se disposèrent à sortir avec elle de la chapelle ; mais en ce moment, retrouvant son courage, Agnès se dégagea de leurs mains.
— Quoi ! s’écria-t-elle avec l’accent de la plus profonde douleur, tout espoir est donc perdu pour moi ! Déjà vous me traînez au supplice ! Oh ! Raymond, Raymond, où êtes-vous ? Jetant alors sur le moine un regard terrible : Écoutez-moi, lui dit-elle, homme vain, orgueilleux, insensible ; écoutez-moi, cœur de fer. Vous auriez pu me sauver,