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par votre impureté, déshonoré l’habit que vous portez. Vous osez réclamer ma compassion ! Laissez-moi, cessez de me retenir. Où est madame l’abbesse ? ajouta-t-il en élevant la voix.

— Mon père, ô mon père, écoutez-moi un seul moment. Ne m’accusez ni d’impureté, ni de débauche, ni de prostitution. Longtemps avant que je prisse le voile, Raymond était maître de mon cœur ; il m’inspira la tendresse la plus pure, la plus irréprochable. Il était sur le point de devenir mon légitime époux. Je suis coupable d’un seul instant d’égarement, et bientôt je vais devenir mère. Ô mon père ! prenez pitié de moi ; prenez pitié de l’innocente créature dont l’existence est liée à la mienne. Si vous dévoilez mon imprudence à l’abbesse, nous sommes perdus tous deux. Le plus cruel châtiment est prononcé par les lois de Ste-Claire contre mes pareilles. Respectable Ambrosio, que la pureté de votre conscience ne vous rende pas insensible aux peines, au repentir d’un être plus faible que vous ! Quelqu’autre vertu réparera ma faute. N’exigez pas la perfection dans les autres. Ayez pitié de moi, révérend père ; rendez-moi cette lettre et ne me condamnez pas à un malheur éternel.