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— Arrêtez, lui dit Ambrosio d’un ton sévère, je dois prendre connaissance de cette lettre.

— Quoi ! vous voulez… ah ciel ! je suis perdue ! s’écria-t-elle douloureusement en joignant ensemble ses deux mains. Pâle et tremblante, elle fut obligée de jeter, pour se soutenir, ses deux bras autour des piliers qui supportaient la voûte de la chapelle, tandis que le prieur lisait la lettre suivante :

« Tout est prêt pour votre évasion, ma chère Agnès ; la nuit prochaine je vous attendrai à minuit à la porte du jardin, dont je me suis procuré la clef, et quelques heures suffiront pour vous conduire en lieu de sûreté. Bannissez les vains scrupules ; il ne vous est pas permis de rejeter les moyens de salut qui vous sont offerts, pour vous et pour l’innocente créature que vous portez dans votre sein. Souvenez-vous que vous aviez promis d’être à moi, longtemps avant l’époque de vos vœux religieux. Songez que bientôt vous ne pourrez plus cacher votre état aux yeux de vos compagnes et que la fuite est le seul moyen qui vous reste pour éviter l’effet de leur malveillance. Adieu, mon Agnès, ma chère, mon unique épouse. Ne manquez pas de vous trouver au jardin demain, à minuit. »