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tieux que celui de Madrid, ce serait peine perdue. Chacun avait ses raisons pour venir à l’église, raisons secrètes dont il serait difficile d’obtenir l’aveu, et qui n’avaient aucune conformité avec les apparences. Mais quel que fût le motif particulier de chaque individu, il est au moins certain que jamais l’église des dominicains n’avait contenu une plus nombreuse assemblée. Tous les coins étaient remplis, toutes les chaises occupées. Les statues mêmes, placées pour l’ornement entre les colonnes de la nef, étaient ce jour-là utiles au public ; on voyait des enfants vivants suspendus sur les ailes des chérubins. Saint Dominique, saint François, saint Marc, portaient chacun un spectateur, et sainte Agathe se trouvait chargée d’un double fardeau. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si, malgré toute leur diligence, deux arrivantes, en entrant dans l’église, regardèrent inutilement à droite et à gauche et ne trouvèrent plus une seule place vacante.

Cependant, la plus âgée des deux continua de se porter en avant, faisant fort peu d’attention aux murmures de mécontentement qui s’élevaient contre elle. On lui criait en vain de tous côtés : Je vous assure, madame, qu’il n’y a point de place