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vous avait servi de truchement, qu’il m’a monté la tête ; et enfin je me suis trouvée grosse quand M. Baret m’a demandée en mariage. Je ne voulais pas consentir à l’épouser ; mais le père Séraphin me dit tant que c’était la seule manière de me tirer d’affaire, que je le crus. Mon père vous a conté le reste ; mais ce qu’il ne vous a pas dit, c’est qu’il n’y a pas de jour où il ne veuille me tuer ou me chasser de la maison, et il l’aurait déjà fait, si ma mère ne l’en avait pas empêché. C’est elle qui m’a conseillé de vous écrire. — Ne pleure pas, mon enfant, c’est un accident qu’il faut oublier et tâcher par un meilleur choix de réparer cette sottise. Mais ne crois pas cependant que je laisse impuni l’outrage que Séraphin t’a fait, et je lui apprendrai qu’on doit au moins respecter les sœurs de ses confrères.

Quant à Joséphine, elle s’en est tirée beaucoup mieux que toi ; et malgré l’enfant dont je suis le père, elle a épousé un très-honnête homme de mari, qui ne connaît rien qui lui soit plus agréable que de me savoir avec elle. Tu juges combien il faut que je t’aime pour l’avoir quittée, mais j’espère que ce ne sera pas pour longtemps, et que mon père et ma mère, qui me croient un saint,