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Pendant ce récit, Adélaïde fondait en larmes. Son frère s’approcha d’elle pour la consoler, et lui demanda de lui parler avec confiance ; mais voyant qu’elle s’obstinait à garder le silence, il l’engagea à passer dans une chambre voisine, et après l’avoir assurée qu’il ne l’abandonnerait pas et qu’il l’emmènerait avec lui à Paris, où il trouverait un parti avantageux, si elle ne pouvait épouser celui qui l’avait rendue mère, elle se détermina à ne lui rien cacher.

Hélas ! mon frère, dit-elle, tous ceux de votre ordre n’ont pas les mœurs aussi pures que les vôtres. — Quoi ! ma sœur, est-ce que votre malheur est un tour séraphique ? — Hélas ! oui, mon frère ; et voilà ce qui fait que je me suis obstinée à ne pas nommer le père de l’infortuné qui n’a vécu que pour m’ôter l’honneur. — Dites la réputation, ma petite, car pour l’honneur il est clair que c’était chose faite avant sa naissance. Mais quel est le capucin indigne que vous avez trouvé digne de vos faveurs ? — Mon frère, c’est le père Séraphin, qui est venu s’établir ici en revenant d’Espagne. C’est en ne me parlant que de vous, en me vantant votre amitié pour lui, en me racontant l’histoire d’une certaine Joséphine, d’un cabinet où il