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fin, madame, si elle n’a pas de vocation. — Et vous, mon père, en aviez-vous, lorsque vos cruels parents vous ont forcé de prendre un état si peu fait pour votre âme sensible et délicate ? vous, dont l’esprit, les agréments vous eussent fait briller dans le monde ?… — Et c’est, madame, parce que je sens le malheur d’être engagé dans un état qui ne nous convient pas, que je vous supplie de ne pas y condamner votre fille unique. — Mais n’en remplissez-vous pas les devoirs avec la plus grande exactitude ? N’êtes-vous pas l’édification de tout le quartier ? Et qui sait mieux que moi les nobles victoires que vous remportez sur le démon de la chair ?… — Ah ! madame, quelle différence d’un homme qui a appris de bonne heure, comme moi, à vaincre ses passions, et une jeune fille séduite, qui a goûté les charmes de la volupté… il n’y a pour elle, je vous le jure, que l’état de mariage qui puisse la préserver de la damnation éternelle ; et j’ose vous le dire, avec l’autorité que me donne mon ministère, vous répondez de son âme devant Dieu, si vous ne la mariez pas ; et comme je craindrais de partager avec vous la punition qui vous serait réservée, si, par ma condescendance, je vous laissais suivre en cela vos idées, je