selle Moreau, qui parurent d’abord hésiter si elles
prendraient leurs places accoutumées ; mais, après
l’avoir salué avec la plus grande modestie, elles
s’assirent. Comme il ne regardait pas du tout, on
feignait de ne point regarder la jeune fille, elle
ne rougit pas. Pour cette fois, toutes ses attentions
se tournèrent vers la mère, qui avait tiré de
son sac, que l’on n’appelait pas alors ridicule, un
bas qu’elle tricottait, et dont elle ne tarda pas à
laisser tomber une aiguille. Le jeune Durolet la
ramassa avec empressement. — Je vous remercie,
mon père ; puis, tirant une petite boîte d’écaille :
en usez-vous ? — Oui, madame. Et voilà la connaissance
faite. — Vous n’êtes pas de Paris ? — Non,
madame. — De quel pays ? — De Blaye. — Ah ! mon
Dieu, j’y ai été il y a longtemps. Avez-vous connu
mademoiselle Dupuis qui a épousé M. Durolet,
fermier-général ? — C’est ma mère, madame. —
Ah ! mon Dieu, comment, un fils déjà profès ? —
Oh ! madame, ma sœur Durolet est bien plus âgée
que moi. — Comme cela me vieillit ; il est vrai que
mademoiselle Dupuis était prête à se marier que
je n’étais encore qu’une enfant. — Il paraît, en effet,
madame, que vous êtes bien plus jeune que
ma mère.
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