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tendions que les sifflements du vent et les sourds grondements de l’océan en furie dont les vagues déferlaient avec violence. Aucun moyen de gagner le rivage, et force nous fut de passer ainsi la nuit.

Ô ! qu’elles furent longues ces tristes heures ! Que de sombres pensées remplirent alors nos âmes ! Flottants entre la crainte et l’espérance, nous ne pouvions que prier Celui qui nous avait arrachés à la mort. Nous ne savions même pas si le sort de nos infortunés compagnons ne nous était pas réservé. Notre existence tenait à si peu de chose : à quelques planches mal jointes qu’un coup de mer pouvait briser en nous engloutissant au fond de l’abîme.