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PREMIERS ESSAIS DE PEINTURE.

voilà Amaury qui ne sait rien, qui commence. — Regardez comme c’est naïf. — Ce n’est pas modelé, c’est vrai… Tout ce que vous voudrez ; mais c’est l’impression du modèle qu’il a rendue comme il a pu… Ah ! mon cher ami, conservez-la toujours, cette bienheureuse naïveté, cette charmante ignorance ! »

J’écoutais tout confus de plaisir, mais par–dessus tout bien étonné.

Qu’est devenue cette première étude ? Ne l’ai-je pas donnée à la mère de mon pauvre camarade lorsqu’il fut mort ? Je ne sais. — Dans tous les cas, je ne la regrette que comme un souvenir curieux. Sous tous les autres rapports, elle ne pouvait avoir que bien peu d’intérêt.

Nous continuâmes quelque temps nos études du dimanche, et M. Ingres nous permit enfin d’aborder la peinture avec les autres.

L’atelier, à l’époque dont je parle, était déjà composé d’un grand nombre d’élèves, parmi lesquels plusieurs se sont fait un nom : Sébastien Cornu, Joseph Guichard, que, malheureusement pour lui, les lauriers de Delacroix empêchèrent de dormir, car, à mon avis, son talent était bien plutôt d’un dessinateur que d’un coloriste. Son début au Salon fut des plus remarquables. —